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Bienvenue dans un monde où si les livres ont des couvertures, c'est parce qu'il faut bien coucher les histoires.
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Re: 6 mois 6 jours 6 heures

Sujet : Re: 6 mois 6 jours 6 heures
par Flood sur 5/4/2005 0:24:05

et comme promis, je vous mets aussi le chapitre 8, intitulé

"A l'envers" (comme d'hab, si y'en a qui préfèrent que je leur envoie par msn, si tant est qu'ils lisent encore (a), qu'ils me le fassent savoir)

Je n?en revenais toujours pas. Tout, absolument tout était en bordel, dans le salon comme dans la chambre comme dans l?entrée. Tous les livres étaient par terre, un typhon avait vidé le placard, la vaisselle se baladait un peu partout, le miroir avait traversé les deux pièces. Dans la chambre, même triste bilan. Les oreillers, les draps, les habits, les sacs, les objets personnels? Tout sans dessus dessous. Alors que nous commencions à réparer les dégâts post-tsunami, peu à peu, nous faisions un constat peu orthodoxe, à savoir que rien n?avait été volé. Tout était en bordel, mais tout était là? Peut être que les coupables cherchaient quelque chose ici, mais quoi ? Nous n?en avions aucune idée, et de plus, aucune preuve ne légitimant nos doutes. Le salon rangé, nous passâmes à la chambre. Sans que je puisse comprendre pourquoi, aucun de nous n?arriva à déplacer le miroir. Il était comme figé au sol. Chacun réunissait ses affaires quand je vis, sur le lit d?Hélène, un livre que jamais je n?avais aperçu auparavant. Les autres ne l?avaient jamais vu non plus. Elle nous certifia pourtant que c?était à elle et qu?elle était contente qu?il soit toujours là. Il avait des allures de grimoire. Elle le caressait comme une vieille caresserait son caniche. Pour remédier au scepticisme trahi par nos regards béants, elle nous expliqua que ce livre était dans sa famille depuis plusieurs décennies, et qu?il passait de génération en génération, à chaque fois confié au membre le plus jeune de la famille Granpierre. Elle nous expliqua qu?on parlait de ce livre comme un franc maçon parle de son appartenance à la confrérie. C?est pourquoi elle nous demanda d?oublier son existence, par respect pour ses traditions héréditaires, ce que nous acceptâmes, pour continuer de ranger.

L?appartement était à nouveau comme neuf quand Sébastien nous appela pour que nous vinssions regarder la vidéo. Sur la caméra, il était dix heures du matin quand on vit tout le monde partir. Je dormais d?un sommeil assez profond. Les objets trônant sur le placard se trouvaient encore dans leur position d?origine. Rien ne se passait? Il décida finalement d?avancer un peu puis aux alentours de 10h55, la bande sauta durant une demi seconde. Selon lui, jamais la caméra n?avait fait ça. Encore plus étrange, la bande à nouveau en marche, on voyait les objets placés différemment? Le temps d?une image brouillée avait suffit au déplacement de ces choses. Manon mit en pause l?image au moment où celle-ci était grisonnante, puis zooma sur l?image. Ainsi, nous pûmes apercevoir le salon, de manière assez abstraite, mais surtout une forme informelle se mouvoir dans la pièce, recouverte d?un drap noir. Il était donc venu pour déplacer trois misérables objets? Montrer qu?il était là par de petites choses, faire monter la psychose? Il ne devait pas savoir que la caméra se trouvait par là, et avait dû, seulement par sa présence, abîmer la bande. Je me demande bien si il savait qu?il était filmé, et si il était venu pour chercher quelque chose, pour voir si nous vivions ici, ou pour une raison autre?

Au moins, mes doutes étaient désormais fondés quant à trouver un responsable du chemin des dames qui s?était improvisé dans l?appartement. Rien n?avait été volé, et rien n?avait été laissé non plus. Alors que nous continuions à échanger nos divers points de vue, nous fûmes interrompus par la radio. Je ne me souvenais pas avoir vu quelqu?un l?allumer. Nous y entendîmes un cri de bête agonisante (Le chat ?), puis une voix ténébreuse, lente, posée, inquiétante, un peu comme OrsonWells le jour où il avait simulé une invasion extra terrestre à la radio. Nous entendîmes ceci : « Nadio Findim yaé, bargam camera bonumistea. Findaré livitam youhum, nobos planes carram. Menyda vendraqui, haste finalem prophetiae, dicaete cuan findarato, ya padres moi vengara. Vengare, interessanta terma. Guidama sinde altempiem, bringus tilae Villard, profindarar quinque conos. GILLAE ALTUM ESTAM, GILLAE BONEM ESTAM, GILLAE DEUS ESTAM. Vinara sinde Néantus, utus matamos afreoses todaram. »

Je n?avais rien compris, mais me sentais tout de même inquiète, très inquiète? Nous l?étions tous, à vrai dire. Ce message en Aglaméha, ces hurlements? Que voulait il nous dire ?

Nous avons dîné comme d?habitude aux alentours de 21 heures. En fin de soirée, je suis allée dans la chambre pour emprunter un stylo à Hélène. Sa trousse se trouvait sur son lit. Je me suis servie, puis me suis souvenue que le livre de sa famille était sous son oreiller. Qu?est ce qu?il pouvait contenir de si secret ? En m?assurant que personne ne venait, j?ai soulevé son oreiller pour voir de quoi il traitait, mais ce ne fut pas celui que je cherchais. C?était l?arrache c?ur. Elle l?avait sûrement pris dans la bibliothèque. Soudain elle entra, comme si elle savait ce que je faisais. Elle s?énerva de manière vraiment disproportionnée, me demandant ce que j?avais vu, ce à quoi je lui répondis, un peu apeurée, le livre de Vian. Rassurée, elle retrouva son sourire, partit comme si de rien n?était. Je ne comprenais pas comment un si ridicule truc comme ça avait pu l?énerver. J?allais pas chercher à savoir ce que son livre contenait coûte que coûte. C?est du moins ce que je lui avais dit?

Finalement, tout le monde s?est couché, Hélène faisant comme si de rien était. Je m?endormis pour me retrouver dans l?appartement pour la énième fois. Pour la première fois, je fis attention à ce que j?envoyais à Aglaho. C?était l?arrache c?ur, le même que sur le lit d?Hélène? ça ne m?avait pas choqué dans la chambre, mais cette fois, je fus interloquée par la différence d?âge entre les pages et la couverture. Elles étaient jaunes, cornées, et vieilles, alors que la couverture était toute neuve. Le rêve se déroula sinon de la même manière, avec ses mêmes horreurs physiques, visuelles, mentales, toujours ces mêmes douleurs, comme des lames me tranchant le corps tout entier, voir Steph mort, Hélène me menacer?

Je me suis réveillée, un peu suante, puis suis allée sous la douche, ce qui me permit de ne pas être mouillée que par la sueur, chose qui n?est pas agréable, vous en conviendrez. Encore en serviette, je rentrai dans le salon pour m?habiller sans réveiller les autres, après être passée rapidement par la chambre pour prendre de quoi me vêtir. Alors que je venais d?enfiler mon pantalon, Sébastien et Manon arrivèrent, l?air pâle, des valises sous les yeux, bref, tout pour se rendre compte qu?ils avaient dû passer une nuit digne de celles que je passais depuis quelques semaines. Après les politesses matinales, ils m?expliquèrent qu?ils n?avaient pas fermé l??il de la nuit, Hélène ayant passé une partie de son temps à lire, puis à parler durant son sommeil. Je leur ai expliqué qu?elle lisait l?arrache c?ur, sûrement sous les conseils de Stéphane, puis Manon m?interrompit en m?expliquant que ce qui les avait empêché de dormir était surtout ce qu?elle racontait :

- C?était vraiment bizarre, me dit elle. Elle parlait, avec une voix qui n?était pas la sienne habituellement. Son timbre était plutôt grave. Elle parlait d?enfermer pour faire aller mieux, elle parlait de massacre le curé, de donner sa honte à quelqu?un qui pourrait nous empêcher de l?éprouver. Elle a ensuite parlé d?un 17ème homme qui détenait les clés du bonheur, mais également responsable du malheur. Puis, une bonne quinzaine de fois, elle a répété qu?il fallait tuer, tuer tuer, tuer, et encore tuer?

Elle conclut en disant qu?on aurait presque cru que quelqu?un parlait par son biais, tant son timbre vocal était inhabituel. Je conclus en leur expliquant qu?il serait sage d?en parler à Stéphane, qui s?y connaissait pas trop mal sur le symbolisme gillien. Il entra deux ou trois minutes plus tard dans le salon, dans le même état que les deux autres. Il n?avait pas fermé l??il non plus et ajouta, d?un ton cynique, qu?Hélène n?avait pas besoin de raconter sa vie en dormant, qu?elle le faisait assez bien quand elle était éveillée. Hélène arriva une vingtaine de minutes plus tard, toute fraîche et plus reposée que les autres. Je sentais bien que les autres lui jetaient des regards noirs, très noirs. D?un ton très naturel, elle demanda à Stéphane pourquoi les empruntes de ses chaussons se trouvent un peu partout dans l?entrée, d?une couleur rouge sang. Sceptique et d?humeur matinale, il n?y prêta pas attention, en promettant qu?il se pencherait sur la question après avoir pu dormir un minimum. Personne n?était satisfait, mais avec la nuit qu?elle leur avait fait passer, elle ne pouvait pas se permettre de trop parler.

Nous décidâmes ensuite d?un commun accord de passer une partie de la journée à la piscine. Hélène avait pris l?arrache c?ur pour le continuer, tandis que les autres avaient prévu une bonne sieste. Je songeais faire de même, mais j?avais également besoin de me défouler. Nous étions posés, dans une léthargie de feignantise quand Stéphane vit le livre qu?Hélène avait avec elle. Il commença à en faire un éloge sûrement peu objectif. Une bonne histoire, un des meilleurs styles d?écriture du siècle, un trop plein d?amour, la vente de la honte? Il était dans un autre monde quand il en parlait. Il voulut nous montrer une scène qui l?avait beaucoup étonné lors de sa première lecture, mettant en avant Clémentine avec un de ses fils. Pour ce, il demanda à Hélène de le lui prêter une seconde, ce à quoi elle répondit :

- Jamais, tu m?entends, jamais tu n?auras ce livre entre tes mains ! Est-ce que je me suis bien faite comprendre ? Ce livre est le mien, et je t?interdis absolument d?y toucher, de le regarder, même de penser une seule seconde à le consulter, d?accord ?

Puis elle partir se baigner, dans une rage folle, aigrie comme si Stéphane venait de l?agresser, chose qu?il n?avait absolument pas faite? Pour la deuxième fois en deux jours, elle s?était énervée pour vraiment trois fois rien. C?était sûrement dû au fait que quelqu?un ait pu lire dans son livre. Cependant, cela n?expliquait pas un tel comportement, loin de là? Stéphane me demanda s?il pouvait m?emprunter mon papier à lettres, chose que j?acceptai sans trop de problèmes, tout en me demandant à qui il pouvait avoir envie d?écrire. Je le sentais encore choqué, ne comprenant pas cette aigreur soudaine. Je lui ai expliqué, pour le rassurer, qu?elle m?avait fait à peu près le même craquage la veille au soir? Elle revint un quart d?heure plus tard, tout souriante, en nous disant qu?elle avait obtenu un numéro de téléphone. Un mec rencontré dans la piscine à vagues. D?un ton belliqueux, Stéphane lui lança :

- Si il est encore plus casse couilles que tu l?es en ce moment, il doit être foutrement diabolique. Il est relou comme quand t?as tes ragnagnas ?

Il n?aurait pas du dire cela? il ne devait pas savoir qu?une fille n?aime pas se faire charrier sur sa mauvaise humeur, surtout en l?assimilant, à tort ou à raison, aux règles. Le pauvre s?est pris une double pair de baffes qui n?ulcéra ni Manon, ni moi. Le tarif aurait été le même avec moi.

Il nous quitta aux alentours de 17h40 pour aller avec ses footeux, tandis qu?Hélène partait pour aller retrouver son Roméo, qui avait pour prénom Ragel. Original, mais bon? pourquoi pas. Chacun partir dans une direction différente, remonté contre l?autre. Pour une fois que c?était pas Sébastien et Manon qui étaient en froid, j?allais pas non plus gueuler. J?espérais juste que ça ne durerait pas, car des embrouilles dans notre groupe n?étaient que très peu bienvenues, même si elles étaient plus souvent à court terme

En rentrant, j?étais donc seule avec les deux tourtereaux, et comme il fallait bien que ça arrive, ils se sont engueulés a propos d?une nana qui était passée à côté de nous. Sébastien l?avait un peu regardée, et pour cause, son string lui arrivait au milieu du dos. C?était surtout vulgaire, et je ne pense pas qu?il l?ait matée les yeux pleins de bave et la bouche grande ouverte, mais le fait est que Manon était quelqu?un de très jaloux et s?énervait bien trop souvent pour des broutilles. Elle voulait toujours que Sébastien lui appartienne intégralement, physiquement comme temporellement, et que l?on puisse lui contester ce fait l?énervait de manière assez disproportionnée. Des fois, c?était à se demander si elle ne voulait pas formater son cerveau au début de leur relation pour qu?il oublie tout ce qu?il avait vécu avant. Paradoxalement, de son côté, elle parlait de son passé sans la moindre difficulté. Il ne faut pas chercher à comprendre? de toute façon, quoi qu?il arrive, c?était ma meilleure amie avec Hélène, et je savais bien qu?elle n?était pas chiante car elle voulait l?être à tout prix. Enfin bref, le fait es qu?ils se sont engueulés, et elle est partie bouder, comme elle en avait la risible habitude.

Le soir, au dîner, l?ambiance était plutôt électrique. Stéphane n?avait pas supporté le comportement qu?Hélène avait eu vis-à-vis de lui, et vice et versa, et Manon en voulait encore à Sébastien. Je ne savais pas trop où me mettre. Le repas fut un concours de remarques acides que chacun se lançait. Entre allusions vaseuses, j?étais de plus en plus mal à l?aise. Manon disait que Sébastien était prêt à tout pour assaisonner le bacon de la première venue, lui parlait d?une jalousie illégitime due à la frustration de ne pas avoir de quoi se mettre en valeur. Stéphane et Hélène ne disaient rien, mais se regardaient avec une colère intense. Des éclairs auraient pu sortir de leurs yeux que je n?aurais même pas été étonnée? Si cette humeur était due à leur mauvaise nuit passée, heureusement qu?ils n?étaient pas à ma place, car à coup sûr, ils auraient déjà tué quelqu?un. Je fis la vaisselle dans un silence de mort. Hélène était toujours plongée dans son livre, Stéphane écrivait je ne sais quoi sur mon papier à lettre, pendant que les deux autres discutaient dans la chambre. Je lui demandais ce qu?il écrivait, mais il resta bien évasif sur le sujet, malheureusement.

Tout le monde alla se coucher peu après minuit, sauf Stéphane qui resta quelques minutes à écrire. J?essayais encore d?obtenir quelques informations sur ce qu?il faisait, mais je n?eus rien de nouveau. J?ai juste entraperçu le signe, et le nom d?Alexander Glaho. Il me prit dans ses bras avant d?aller dormir, comme si il savait ce qui allait arriver, en me susurrant à l?oreille que l?on s?en sortirait, qu?il me le promettait? C?est fou ce que j?y étais bien? Je m?envolais quand j?étais dans ses bras, j?avais en lui une confiance aveugle.

Ce soir là je ne trouvais pas le sommeil? Comme d?autres soirs, vous devez vous dire. Cependant, ce n?était pas l?histoire de Gilles qui m?angoissait, c?était plutôt cette ambiance belliqueuse. Si il y avait bien quelque chose qui m?insupportait, c?était que des tensions puissent sévir dans notre groupe, surtout pour des idioties pareilles. Tout était monté si vite? Et on avait pas besoin de ça. Si il fallait une union encore plus sacrée qu?à l?accoutumée? A la limite, Manon et Sébastien, pourquoi pas? ça fait partie des aléas de la vie de couple, mais Hélène et Stéphane? Jamais je ne les avais vus s?engueuler de la sorte. Toujours très proches, complices, solidaires? Et ce qui était bizarre, c?est qu?aucun n?avait totalement raison. Les torts étaient partagés, mais chacun accusait l?autre intégralement. Ils s?étaient tous les deux conduits comme des abrutis. C?est vraiment lamentable de s?énerver comme ça, incapable de se maîtriser un minimum car on est pas capable d?assumer la réalité. J?avais toujours éprouvé un mépris profond pour ces têtes de cons, qui pètent un câble à la moindre occasion et qui font comme si de rien était, incapables de reconnaître et d?assumer l?étendue de leur bêtise. La majorité des gens de nos classes étaient un peu comme ça, ce qui cultivait notre haine envers eux. Ces gens me sortaient par les yeux, et voila que ma famille se comportait de la sorte?

Il était quatre heures du matin, et je ne dormais toujours pas. L?incompréhension m?empêchait de trouver le sommeil? Soudain, un grésillement semblant provenir de la télévision me parvint aux oreilles. Elle était pourtant éteinte, sinon je l?aurais entendue plus tôt?Je me levais pour voir si ça venait bien de là. L?image était neigeuse, tant est si bien que je dus m?approcher pour y voir quelque chose. Alors que j?étais proche de l?écran, j?aperçus le signe !

La vision de celui-ci me donna des frissons à travers tout le corps. J?eus froid d?un seul coup, l?angoisse et la peur revenaient à pas de géantes. Je le sentais proche de moi, capable de se cacher n?importe où? Partout, je voyais ses deux petits yeux jaunes me scruter, attendre le moindre relâchement et me sauter dessus à ce moment là. J?étais tétanisée par la peur, à l?idée de l?imaginer dans la même pièce que moi, surtout que là, personne n?aurait pu me venir en aide, vu qu?ils dormaient tous profondément. Puis le signe disparut de la télévision, pour laisser place à une silhouette, sa silhouette? Elle était totalement reconnaissable. Ses yeux, cet habit? Puis il s?approcha de l?écran, comme si il désirait me parler. Je le regardais, déconnectée de toute réalité, quand avec la pointe de son couteau, il m?invita à regarder à ma gauche, en direction du miroir? En tournant ma tête, je vis qu?il se trouvait dedans !! Comme dans mon rêve, il était dans la glace, mais pas dans le salon. J?avais d?un seul coup du mal à respirer. Puis il s?approcha, sortit du miroir comme on sort de l?eau. Il lévitait, me regardait d?un air que je sentais cynique, cette fois, il était bel et bien face à moi ! Il continuait à s?approcher lentement, moi, j?étais dans l?incapacité de bouger ou de crier, tant la j?étais paralysée par la peur. La seule chose que je réussis à faire, c?était reculer, jusqu?à me prendre les mollets dans le clic clac, et tomber dessus. Il se pencha vers moi, et je pris ma couverture, c?était la seule chose qui pouvait encore me séparer de lui. La douleur s?estompa peu à peu, je commençais à me sentir mieux quand d?un seul coup, je sentis une lame longue et froide me transpercer le dos?

Je n?arrivais plus à hurler, j?avais envie de vomir, je ne respirais plus que par saccades, je perdais mon sang. Ma vue commençait à se brouiller, la douleur à s?intensifier quand je le sentais remuer sa lame dans mon dos, et remuait, et tournait, et j?étais toujours incapable de hurler ! J?aurais été prête à tout pour que cela s?arrêtât. Je sentais les bouts de mes membres se glacer, je me sentais mourir à petit feu. Puis la vue revint, la douleur s?arrêta, la lame n?était plus dans mon corps, la plaie était fermée, et j?étais légère, très légère? Puis je me sentis me soulever.

Je volais dans le salon. Je voyais Aglaho sur mon canapé, qui souleva la couette, et je me vis, sans vie, le t-shirt ensanglanté. Il retira son couteau, il m?avait tuée? Je m?approchais de ma dépouille quand quelqu?un m?appela. C?était le garçon de mon rêve ! Je me demandais bien ce qu?il foutait là ! Je lui parlais, mais il ne répondait pas. Je le prenais par les épaules, le secouais de toutes mes forces, mais rien? Il me regarda très fixement, comme à la piscine et au bar, porta sa main sur mon front, et appuya dessus avec beaucoup de force. C?était très désagréable, surtout que je ne voyais pas où il voulait en venir. Puis une sensation de lourdeur s?empara de moi, je me sentis tomber de très haut. Je fermais les yeux très fort, puis quand je les rouvris, je vis mon réveil afficher 04h45. Je venais de rêver?

Ce n?était qu?un rêve, un putain de rêve ! C?était horrible. Je me levais pour aller boire de l?eau, quand je vis que la télévision était allumée. Je l?éteignis à l?aveuglette, ne voulant rien voir dessus. Je retrouvais peu à peu ma respiration, mes cheveux étaient mouillés. J?avais comme une boule dans l?estomac. Je voulus changer de t-shirt, le mien étant dans le même état que mes cheveux. En le retirant, je vis que derrière, se trouvait une énorme tâche de sang ! C?était à n?y rien comprendre ; je passais ma main dans mon dos, aucune cicatrice où trace de coup de couteau. Je ne captais rien à ce qui venait de se passer, ce n?était qu?un rêve, normalement? Si ça avait été vrai, comment le garçon aurait il pu venir, et comment aurais je fait pour ne pas mourir vraiment ? Je mis mon t-shirt ensanglanté sur une chaise de la cuisine, puis retournai dans mon lit. Je ne dormis pas, trop occupée à me demander si j?avais rêvé ou pas. Tout était réuni pour que ce ne soit qu?un cauchemar, mais la trace? et comment avais je pu saigner sans qu?il y ait la moindre blessure sur mon corps, enfin, sur mon dos? j?ai passé la nuit à regarder le miroir, armée du plus gros couteau trouvé dans la cuisine.

Tout était si vrai, tellement plus vrai que d?autres choses vues dans la réalité depuis le début de mes problème? Cette sensation du couteau dans mon dos, le fait de me voir d?en haut, mon ange gardien qui m?avait fait je ne sais quoi? Plus ces évènements se déroulaient, et plus je me retrouvais dans un monde où les autres n?avaient pas accès, ne sachant pas la dureté de ce que je vivais. J?étais mal, j?étais seule, dans un monde flirtant avec les ténèbres?

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