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Re: 6 mois 6 jours 6 heures

Sujet : Re: 6 mois 6 jours 6 heures
par Flood sur 6/3/2005 18:59:33

lol, resalut, voici le sixième chapitre, intitulé "Elle attend"

Je venais de prendre conscience de ce que je craignais le plus depuis quelques jours? A mon avis, ce rêve n?était nullement dû au hasard. J?étais certaine qu?il était écrit que je me retrouve dans cette pièce un jour. Pourquoi en aurais je rêvé pendant si longtemps ? je me disais que chaque jour restant de mon existence, je maudirais le seigneur de m?avoir embringué dans une telle galère. Et pourquoi c?est pas le docteur qui avait raison, que les rêves n?étaient jamais composés d?inconnues totales ? Je me disais qu?en rêvant de cet appartement pour me retrouver dedans moins d?une semaine plus tard, je n?avais signé rien d?autre que mon arrêt de mort. Je n?eus pas le temps de réfléchir plus, mon somnifère ayant commencé à faire effet. Morphée m?amena à nouveau dans l?appartement, qui me paraissait plus familier. Certes, il n?était pas disposé de la même manière, mais je le reconnaissais quand même. La télévision n?était pas là où elle se trouvait à notre arrivée, de même que le miroir d?où Aglaho devait surgir d?une minute à l?autre, ce qu?il fit, comme tous les derniers jours depuis ces signaux de fumée. Le rêve se déroula comme la fois d?avant, à l?exception faite qu?un nouvel élément s?y ajouta. En effet, alors que je fuyais le salon pour la chambre, je vis une lumière passer sous la porte de ce que je savais désormais être la salle de bain. Je n?étais donc pas seule dans ce rêve, entre le garçon du salon, les personnes frappant à la porte d?entrée, et en plus, quelqu?un dans la salle de bain? Avec l?évolution du rêve, j?allais bien finir par découvrir ces têtes, me disais je? La fin du rêve se déroula sans chamboulements, jusqu?à ce que je me trouve, les yeux à moitié ouverts, l?esprit dans le vague, toute enroulée dans ma couette, sur le canapé du salon, où j?avais passé une première nuit instructive, mais pas réparatrice. Alors que je me réveillais doucement, j?entendis les autres, déjà debout, prendre leur petit déjeuner. J?allais me lever et leur dire bonjour quand j?entendis Sébastien parler de moi, je décidai donc de ne pas me lever de suite, intriguée par tout ce qu?ils pouvaient penser de tout ça. Pour résumer la conversation, Sébastien avait du mal à réaliser l?ampleur des faits, n?arrivant pas à en prendre conscience, Manon paraissait plutôt inquiète elle aussi. Elle voulait rentrer, ayant un mauvais pressentiment quant au déroulement des jours suivants, mais un pressentiment n?a rien de crédible. Sébastien tenta tant bien que mal de la rassurer, en expliquant qu?il fallait positiver pour que je puisse essayer de me sortir de tout cela de la meilleure des manières. Stéphane continua en expliquant qu?il était inquiet surtout pour moi, qu?il ne m?avait jamais vue dans un état pareil, et que me voir comme ça le faisait souffrir. Hélène lui dit que nous n?y pouvions rien, que le destin m?avait choisie pour être ou ne pas être le maillon manquant à l?accomplissement de la prophétie. Il la coupa, et dit d?un air rageur qu?il ferait tout pour que je ne sois pas cet élément manquant, et qu?ainsi, nous puissions mettre cette partie de notre vie entre parenthèses, pour la reprendre où nous l?avions laissée avant le soir des signaux de fumée. Ils étaient également tous frustrés de ne rien pouvoir faire contre mes cauchemars réveillés, et se promirent de trouver une explication rationnelle à tout ce qui le constituait. Ils allaient avoir du boulot? Je me demandais bien ce qu?ils allaient dire lorsque je leurs aurais annoncé que nous nous trouvions dans le théâtre macabre de mes rêves. Alors que je commençais à me redresser avec difficultés, ils me dirent bonjour tous en même temps, puis parlèrent d?autre chose, comme si de rien était. Hélène me demanda si j?avais réussi à dormir un peu, ce à quoi je répondis que je savais que nous nous retrouverions ici. Ils n?avaient pas l?air de saisir ce que j?avançais, et je leur expliquai seulement que l?endroit ne m?était pas inconnu. Je préférais rester évasive pour le moment, pour éviter de les inquiéter plus que prévu.

Après quatre ou cinq minutes, et après avoir compris que j?avais mis un peu tout le monde mal à l?aise, je proposai que nous rangeassions les affaires pour ensuite aller faire un petit tour pour prendre connaissance de la ville dans laquelle nous allions passer deux semaines. Chacun adhéra à mon idée. Alors que nous définissions les lits, les placards, les serviettes, les corvées de vaisselles, je me rendis bien compte qu?ils cherchaient tous quelque chose pour tenter de comprendre un foutu mot de ce que j?avais expliqué. Force est de constater que parfois, le destin fait de drôles de choses, vous ne trouvez pas ? Cette dite coïncidence pouvait très bien avoir un sens, comme une sorte de mise en garde contre ce lieu. A y réfléchir, tout cela pouvait tenir debout. Les signaux de fumée, l?appartement juste après? Mais qui aurait pu me prévenir ? Et pourquoi cette scène, qui de plus évoluait au fil du temps ? J?avais du mal à comprendre tout ça, mais je ne pouvais rien y faire. La seule chose que je pouvais, c?était rentrer dans le jeu du responsable de tout ça, et essayer d?être plus intelligente que lui pour le battre sur son propre terrain. Je dis ça aux autres alors que l?on descendait visiter la ville, et chacun approuva. Ils étaient tous bien conscients qu?aucune autre alternative ne s?offrait à nous. Et pour cause, comment affronter un Aglaho ? Nous descendîmes sur la place du village, que les autochtones avaient pour habitude d?appeler la place de l?ours, peut être parce que la statue d?un ours se trouvait dessus. De plus, à ce que j?avais compris, l?ours était le symbole de la ville de Villard de Lans.

Nous nous posâmes quelques instants sur la place, pour profiter un peu? Profiter du soleil, profiter des vacances, du bon air montagnard, de quelques minutes de tranquillité. C?était ce genre de moments qui me donnaient envie de me battre, pour pouvoir les vivre encore et encore. Ce bonheur constitué de simplicité, ramené à si peu de choses? Je n?avais plus rien à penser, et c?était le pied total. Nous continuâmes à visiter la ville, pour nous retrouver devant le complexe piscine patinoire bowling. Nous remontâmes finalement vers l?appartement aux alentours de midi. Pendant que Hélène préparait à manger, je m?allongeai un peu, tandis que Stéphane regardait un petit peu les livres se trouvant dans la petite bibliothèque du salon. D?un coup, il poussa une sorte de petit cri de joie car il avait trouvé comme livre L?arrache c?ur de Boris Vian, qui était son livre préféré. Apparemment, les autres n?avaient pas d?intérêt, selon ses dires, et je lui faisais confiance, pour ça ; quand on a un père bibliothécaire, on sait à peu près différencier ce qui est bon de ce qui ne l?est pas. Cette petite journée commençait vraiment bien, malgré tout ce qui avait pu se passer la nuit durant. Avec tout ce qui avait bouleversé ma vie depuis le premier soir, j?en étais réduite à me rattacher à des petits plaisirs succins, ce qui m?effrayait, jusqu?à me donner une basse estime de moi-même. Mais ces petits plaisirs étaient si bons en temps de crise? Nous décidâmes de passer l?après midi à la piscine, qui avait l?air assez spacieuse, vue de l?extérieur. Après un copieux déjeuner, nous nous dirigeâmes vers le complexe piscine patinoire, pour se retrouver sur la plage un quart d?heure plus tard, tout le monde en tenue pour nager ou pour bronzer. A mes souvenirs, l?après midi s?était plutôt bien passée, entre la piscine à vagues qui avait failli me rendre l?addition sur le déjeuner, le toboggan dans lequel nous avions failli nous endormir, et quelques délires dignes de nous. L?après midi aurait pu finir aussi bien qu?elle avait débutée, c?eût été presque ataraxique, et l?ataraxie n?ayant rien à voir avec l?aventure dans laquelle nous avions plongée, un évènement vint frapper à la porte de mon destin, arrivant aux alentours de seize heures trente, quand j?étais en train de bronzer. Alors que j?étais perdue dans mes pensées, je vis, à quelques serviettes de moi, un mec qui me scrutait, comme s?il m?avait déjà vue, en se demandant où il avait pu me voir. Etrangement, je me posais la même question. Il me rappelait quelqu?un que je ne connaissais pas. Vous devez avoir du mal à saisir le concept, et pourtant, c?était de cette seule manière que je pouvais définir la silhouette de ce bel homme. J?avais dû le croiser dans le centre ville, ou quelque chose comme ça. Au bout d?un certain temps, son regard devenait malsain ; il me regardait avec tellement d?ardeur que j?en devenais peu à peu mal à l?aise, si bien que je décidai de partir pour retourner à l?appartement. En passant entre les serviettes, je vis sur une personne un tatouage représentant un signe qui était loin de m?être inconnu. Il ressemblait à s?y méprendre au signe de Gilles. Imaginant que c?était une blague de mon imagination, je n?y prêtai point plus attention, courus, avec les autres derrière moi, vers les douches, dans lesquelles je passai une bonne vingtaine de minutes? L?eau chaude était vraiment trop agréable. Elle avait des vertus calmantes sur mon état, jusqu?à me plonger dans une sorte de léthargie qui s?estompa quand dans la buée, le signe se dessina juste devant moi. La porte de la douche refusa dès lors de s?ouvrir. J?avais vraiment peur, me retrouvant dans un endroit inconnu de moi, mais apparemment pas Aglaho ou Gilles, qui prenaient un malin plaisir à me faire angoisser. Je les sentais partout autour de moi, à me toucher, à m?effleurer, à me chatouiller, à me faire flipper, à transformer le silence en cauchemar. Il était à la fois partout et nulle part, je détestais ça ! La porte s?ouvrit alors que j?effaçais le signe dans la buée avec ma main. Je me sentais sale, c?était horrible. En me rhabillant, j?expliquais aux autres ce qui venait de se dérouler, et ils furent aigris de ne pas avoir pu s?être trouvés au même endroit que lui. Mais qu?auraient ils pu faire face à ça ? Rien, malheureusement.

Nous rentrâmes pour passer une soirée calme, pas désagréable, à discuter autour d?une partie de tarot durant laquelle Sébastien et Manon, qui jouaient ensembles, nous mirent assez minables. La soirée était pas mal, mais je savais qu?elle le serait moins une fois que je devrais gagner mon lit. J?étais toujours autant en danger, que ce soit dans le monde des rêves ou dans la réalité. Néanmoins, il fallait bien qu?ils commençassent à fatiguer et à regagner leurs lits. Quand ce moment arriva, je décidai de faire de même. Une fois en pyjama, je n?avais plus qu?à me glisser dans mon clic clac. J?étais dans mon rêve, plus en confiance qu?à l?habitude, ce qui était étrange, dans la mesure où mes gestes restaient les mêmes. Etant rentrée peut être dans un cliché d?habitude, je savais à quoi m?attendre. Voyant mon comportement, Gilles n?eut pas l?air d?apprécier tout cela, puisqu?à la fin, il avait décidé de jouer avec mes sentiments les plus profonds. Dans la nébuleuse de la fin du rêve, après avoir vu Sébastien pleurer sur la tombe, je vis Hélène avec un couteau de cuisine dans la main, me pointant avec la lame. La panique revenait à toute allure. Elle allait me découper en rondelles quand le garçon du salon arriva pour me sauver d?elle. C?était vraiment étrange, comme situation? Hélène, mon amie, ma s?ur, plus de ma famille que la majorité des gens ayant le même sang que moi, voulait me tuer? Gilles avait bien visé sur cela. A mon réveil, il était aux alentours de dix heures et demi. J?étais encore bien dans le pâté, pendant que les autres prenaient leur petit déjeuner. J?allais vraiment mal, ayant toujours l?image d?Hélène voulant me trucider. Alors que je reprenais mes esprits, elle entra dans la cuisine avec un couteau, sûrement pour couper le pain. Le problème est que, ayant toujours l?image du rêve en tête, je paniquai bêtement, et me mis à pleurer, puis à suffoquer, avec de plus en plus de mal à respirer. Hélène s?approcha de moi pour essayer de me rassurer, posa sa main sur mon épaule, et là, sans que je sache pourquoi, je dégageai sa main de mon épaule, puis me réfugiai sous ma couette en hurlant, tant la terreur qui m?envahissait était intense. Seul le cri pouvait l?évacuer en partie, mais seulement en partie. La douleur du rêve revenait par saccades, me transperçant tout le corps de haut en bas, comme des décharges électriques? Quand Stéphane vint me demander si y?avait quelque chose dont je ne leur avais pas encore parlé, ce à quoi je répondis par un hochement positif de la tête. La voix pleine de sanglots, je leur expliquai que l?appartement dans lequel nous nous trouvions ce jour là était celui dans lequel le théâtre morbide de mon rêve prenait place. Le teint d?Hélène devint livide, Sébastien et Manon mirent la tête dans leurs bols, tandis que Stéphane voulait coûte que coûte trouver une explication rationnelle. J?expliquai ensuite à Hélène que je l?avais vue, tenant un couteau de cuisine, prête à me massacrer, quand le garçon qui faisait les incantations en aglaméha vint pour la neutraliser.

Alors que j?étais encore en train de pleurer ma haine et ma peur, Hélène me prit par les épaules et me dit ceci : « Avec ce que tu viens de nous dire, jamais la légende ne s?est autant encrée dans la réalité. Que nous le voulions ou pas, la seule solution de s?en sortir est d?y plonger. Nous devons faire face ; c?est dans cela que résident nos chances de se sortir de ce mauvais pas. Et je ne veux pas que tu aies peur de moi. Tu es ma s?ur, ma copine, ma cousine, ma frangine, tout ce que tu veux qui peut nous unir de manière sacrée. Comment pourrais je vouloir te massacrer ? Rien sur cette terre pourra faire que je voudrais te tuer». Et hors de cette terre, quelque chose aurait pu faire cela ? Toujours est il qu?en m?expliquant cela, elle m?avait rassuré, me rappelant combien ils étaient tous fantastiques. Puis chacun me prit à part pour m?expliquer que quel que soit le tarif de la victoire, ils me sortiraient de ce mauvais pas. Le problème était que le prix, au vu de ce face à quoi je m?étais retrouvée dans mon rêve, avait l?air important, trop important? J?avais horreur de les voir morts, cela me faisait vraiment culpabiliser. Oser concevoir ma deuxième famille morte était quelque chose d?horrible. Bien que cela puisse paraître contradictoire, je voulais que l?on m?ait envoûtée, au moins pour être sûre que je n?avais pas pu imaginer cela de mon propre gré.

La journée avait commencé de manière vraiment étrange, entre ce nouveau rêve, cette crise d?hystérie, les mots d?Hélène? Tout se mélangeait dans ma tête, le bon comme le mauvais, de sorte que je ne savais plus quoi penser. Fallait il lutter ? Avais je envie ou non de lutter ? Devais je tout faire pour tenter de les laisser en dehors de tout cela ? car j?était la seule à rêver. Mais je savais que si je leur avais dit de me laisser régler ça toute seule, jamais ils n?auraient accepté, et c?est pour ça qu?ils étaient géniaux. Dans la matinée, j?eus ma maman au téléphone, qui me demanda si mes problèmes psychologiques étaient passés. Qu?est ce que ça pouvait m?énerver que ma propre mère ne prenne pas mes problèmes au sérieux? Pourtant, je ne pouvais pas lui dire que je m?étais retrouvée dans l?appartement de mon rêve, j?aurais encore eu droit à un sermon à base de « Anna, tu as regardé trop de films, Anna tu as trop d?imagination, Anna arrête de faire ton intéressante? ». Et j?avais besoin de tout, sauf de ça. J?avais besoin que l?on me rassure, même par le biais de promesses farfelues, cela m?aurait suffi. Les autres le savaient, mais ne me mentirent pas pour autant. Ils promirent, durant le déjeuner, de tout faire pour que l?on survive. La survie, d?accord, mais à quel prix ? Aucun de nous ne le savait, et c?est bien ce qui m?inquiétait. Pour la première fois, j?avais peur de les perdre, peur de ne plus pouvoir compter sur eux. Sans eux, je ne serais rien. Je ne pouvais exister que par et pour eux, alors, je ne supportais pas l?idée de les imaginer hors de ce monde?

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