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Re: 6 mois 6 jours 6 heures

Sujet : Re: 6 mois 6 jours 6 heures
par Flood sur 21/2/2005 14:02:24

Coucou, les gens, je vous poste le cinquième chapitre, intitulé

"On ira"

Nous nous trouvions au niveau de Montbard, quand Sébastien sortit les papiers descriptifs de l?appartement. Il se trouvait au deuxième étage d?une résidence à cinq minutes à pied du centre ville et à trois minutes de la piscine, il était plutôt spacieux, avait une salle de bain avec une baignoire, des toilettes indépendantes, une grande chambre et un grand salon. Il était apparemment peu lumineux, mais bien équipé et décoré de manière un peu désuète. Nous l?aurions re-décoré, si la nécessité s?en était fait sentir. Tout le monde avait hâte d?y être, et à un moment, je me surpris à moi-même à avoir hâte de retrouver loin de tout, loin de ce chao, loin d?Aglaho, et surtout, près de mes amis. Ils me proposèrent de les accompagner avec eux au wagon restaurant. Je déclinai leur invitation, trop crevée pour bouger. Je ne voulais pas dormir, car j?avais toujours peur de rêver et de me retrouver face à ce qui constituait sûrement désormais ma plus grande peur, à savoir, vivre cette scène, même dans mes rêves. Malgré tout, des fois, les besoins vitaux sont plus forts que tout, si bien qu?indépendamment de ma volonté, je me sentis m?endormir, me voyant transportée toujours dans ce même appartement, dans ce même cauchemar, dans cette même histoire? Comme à l?accoutumée, je me retrouvai dans l?appartement, avec la même crainte et la même appréhension de voir Alexander arriver par le miroir pour vouloir me faire la peau. Il arriva comme d?habitude, par la glace, avec toujours l?intention de m?étriper. Tout se passait comme d?habitude, si j?ose dire, jusqu?au moment où je lui envoyais le livre de Boris Vian. En effet, à ce moment là, sous la porte, je vis la lumière de l?escalier s?allumer, et quelqu?un frappa à la porte avec violence, voulant entrer coûte que coûte dans l?appartement. J?aurais bien voulu ouvrir, mais sans que je puisse expliquer pourquoi, j?en étais incapable. Incapable de faire quelque chose autre que j?avais fait dans le rêve habituel. Comme si une force étrange me disait d?avancer sans prendre garde de ce qui était étranger au rêve originel. Je dois vous avouer que cela me mettait mal à l?aise, car je pouvais aller leur ouvrir, mais la force dont je vous parle faisait que je ne voulais pas ouvrir. La scène se déroula de la même manière, avec à nouveau la vision de ce garçon qui disait m?aimer, ceci avec des allures de prémisse. Alors que je me trouvais dans la nébuleuse habituelle, j?eus comme une sorte de flash en assimilant, à tort ou à raison, le train en forme de cercueil que je voyais à celui dans lequel je me trouvais. Dès lors, toutes ces choses qui ont failli nous faire rater le train pouvaient gagner en signification? Quelqu?un aurait pu vouloir empêcher cette assimilation qui, si vraie, annonçait notre mort à tous. Maintenant que j?y pense? enfin bon, je me réveillais, un peu la tête retournée par cette sorte de prise de conscience. Alors que les autres n?étaient toujours pas revenus de leur escapade dans le wagon restaurant, je me tournai vers la fenêtre, pour voir des champs dans l?obscurité? Encore des champs? Toujours des champs? Des champs à n?en plus finir. Alors que nous venions de passer Mâcon, j?aperçus sur un lac une sorte de drap noir sur l?eau. Personne ne le vit, ni n?y prêta attention, sauf moi, et alors que je le fixais, il se leva pour prendre une forme qui ne m?était pas inconnue? je devais dormir encore? C?était pas possible? C?était pas croyable ! Qu?est ce qu?il foutait encore là ?? C?était bien Aglaho qui se trouvait sur ce lac. J?aurais donné beaucoup pour me réveiller à ce moment là. Il s?approcha du train, pour aller à la même allure que celui-ci, se mit au niveau de ma fenêtre, me regarda pour me faire un petit coucou. Je ne voyais pas son visage, je ne voyais que deux yeux jaunes, agressifs et malsains. je les sentais plein de cynisme et d?humour noir. Je faisais tout mon possible pour ne pas le voir, mais c?est comme si il me contrôlait, m?obligeant à le voir. Je décidai de fermer les yeux, pour me retrouver à nouveau dans l?appartement. Je rêvais dans un rêve? ça n?allait vraiment pas, là !! Alors que la scène se déroulait avec la porte qui claque et le garçon qui prie, je me retrouvais à nouveau dans le train, ne sachant pas si j?étais encore dans mon rêve ou dans la réalité, et c?était très angoissant, comme situation. Tout était normal, Aglaho était parti? L?avais je vraiment vu ? Etait il venu à côté de ma fenêtre pour me dire qu?il était toujours là et pour me dire qu?il était inutile de fuir pour l?oublier ? Je détestais cette incertitude. A la fenêtre, tout paraissait si calme, si normal, si loin de tout ce monde effrayant, mais dans ma tête, je le sentais à côté, autour de moi, devant, derrière, à côté, au dessus, en dessous, prêt à me sauter dessus pour m?égorger? Dormir m?aurait sûrement empêché de voir la mort en face quand celle-ci se pointerait avec lui, me disais je? Mais cela aurait fait de moi quelqu?un de faible, chose que je ne supportais pas. Je décidais d?ouvrir finalement les yeux pour voir face à quoi je me retrouverais, pour voir où j?allais me retrouver? Je fermai les yeux le plus fort possible pour être sûre de me retrouver dans la réalité, puis quand je les rouvris, je vis la main de Manon me tapoter la lèvre avec un mouchoir. Me voyant réveillée, elle se redressa, l?air un peu gênée. Encore un peu endormie, j?avais une sorte de goût inhabituel dans la bouche? on aurait dit du sang? Mais j?avais la bouche ensanglantée !! J?étais sûre que c?était lui qui m?avait fait ça ! Il m?avait explosé la bouche, l?enfoiré !! quelques personnes dans le train passaient devant moi pour me demander si j?allais mieux. Cela voulait donc dire que quelqu?un l?avait vu. Quand je pouvais à nouveau parler, j?allai voir un de mes voisins pour lui demander ce qui m?était arrivé, en espérant fortement qu?il me dise qu?un homme vêtu d?un voile noir était venu, passant par la fenêtre tel un fantôme, pour essayer de me tuer, et que quelqu?un m?avait sauvé de ses griffes, mais il m?expliqua que le train avait dû freiner brusquement car le chauffeur avait vu quelque chose sur la voie. Apparemment, il ne s?agissait que d?un drap noir qui avait dû s?envoler d?un fil à linge proche. Avec ce coup de frein, les soutes se sont ouvertes, et j?ai fait la bise à une valise. Il termina par dire que les autres étaient arrivés peu après, et n?avaient pas osé me réveiller, préférant essayer de me soigner avant. Il retourna s?asseoir, je fis de même, puis leur expliquai que j?avais à nouveau vu Aglaho sur un lac, et j?ajoutai que j?étais convaincue que le voile responsable du freinage du train n?était autre que le sien. Je devais être la seule à voir quelque chose de logique dans ce raisonnement ; les autres me regardèrent avec de gros yeux genre « rendors toi ma belle ». J?essayais de me décontracter tout au long du reste du voyage, mais en vain. Nous nous trouvions aux alentours de Bourgoin-jallieu quand ma lèvre cessa enfin de saigner. J?essayais de ne pas penser à lui, entre un mot croisé, un coca, un sandwich, et un massage de Stéphane, mais rien n?y faisait? Son image à côté de la fenêtre subsistait, sans que je puisse y faire quelque chose. Nous arrivâmes aux alentours d?une heure du matin à la gare de Grenoble, une navette partait une demi heure plus tard. Nous nous y calâmes pour, une bonne demi heure plus tard, apercevoir pour la première fois le panneau nous indiquant que nous étions entrés dans Villard de Lans. Enfin les vacances commençaient, en espérant qu?il n?en ferait pas partie. La navette nous déposa devant notre résidence, qui se nommait « les gémeaux ». Nous étions au numéro deux et dans l?allée une, au deuxième étage. Nous étions dans un état de fatigue rarement égalé, ce qui nous avait fait nous dire qu?une fois la porte franchie, on posait les bagages et on allait dormir, et c?est ce que nous fîmes. J?étais allée tellement vite dans le premier lit que je voyais que j?aurais été totalement incapable de vous dire comment était l?appartement. Il avait l?air plutôt grand, spacieux, mais question déco, nous n?avions rien vu le soir, n?ayant pas pris le temps de laisser la lumière trop longtemps allumée.

J?étais dans mon lit. On m?avait mis dans le canapé du salon, et j?en étais assez contente, étant la seule à être dans un deux places. Je ne m?endormis pas immédiatement, trop occupée à réfléchir, sur des choses basiques, comme pointilleuses. Pour la première fois, j?étais inquiète pour ma vie. Revoir Alexander sur ce lac brisait toutes les certitudes du docteur Havil. Je l?avais revu, et qu?allait il nous faire, maintenant ? Il n?avait pas réussi à nous avoir, nous l?avions même fait fuir. Allait il chercher à se venger ? Ou était ce tout simplement dans un demi sommeil que mon inconscient m?avait joué des tours ? Toujours est il que ces questions m?empêchaient de dormir. Les secondes et les minutes défilaient, dans un silence pesant. J?ai connu des nuits longues, mais celle-ci était particulièrement interminable? Jamais je ne me trouvais totalement en sécurité, que ce soit dans mes rêves ou dans la réalité. La seule échappatoire aurait été de sauter par la fenêtre, pour enfin en finir avec tout ça. Je ne pouvais pas, car me voir loin des autres m?était inconcevable. Sans eux, je n?étais rien. Combien de fois avaient ils été là pour moi ? je ne devais pas faire ça, et me battre, me battre pour eux, et me battre contre lui. Et de plus, je n?avais aucunement l?envie de mourir si jeune, en étant passé à côté de tout ce qui peut rendre une vie belle et bonne. Je décidai de me prendre un somnifère pour pouvoir enfin dormir, car il était plus de quatre heures du matin, et je n?étais pas fatiguée moralement. A force d?être sur la défensive, j?étais devenue une véritable pile électrique. La cuisine était dans le salon, ce qui me permettait de ne pas réveiller tout le monde. Alors que j?étais assise, à boire mon verre d?eau, j?eus quelques secondes d?arrêt. J?avais l?impression d?avoir déjà vécu cette situation. Je m?étais déjà retrouvée dans ce salon, il y a longtemps, très longtemps? Ce n?était pas possible, jamais je n?étais rentrée dans Villard. J?allai ranger mon verre, pour ensuite retourner dans mon lit quand, en levant mon regard vers la fenêtre, je reconnus le paysage sur lequel donnait l?appartement? La télévision n?était pas là, le miroir non plus, et tout était propre, mais ce que je voyais par la fenêtre ne laissait plus aucune place au doute. Je me trouvais dans l?appartement de mon rêve?

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