Portail LMDMF

Bienvenue dans un monde où l'école est devenue un no man's land avec une cour de récré au milieu!
Menu principal
Message de rapport :
 

Re: 6 mois 6 jours 6 heures

Sujet : Re: 6 mois 6 jours 6 heures
par Flood sur 1/2/2005 11:10:28

coucou, je vous mets ici le deuxième chapitre, en espérant que vous ne serez po encore déçus :-p Il s'intitule

=> Il changeait la vie <=

I
Mon rendez vous était à Dix huit heures chez le docteur Havil, un grand spécialiste des problèmes de sommeil. Son cabinet se trouvait à Ledru Rollin, dans la rue de la forge royale. Il avait une salle d?attente banale, avec des paris match de 1975, des jouets pour nains, des tableaux d?informations sur le sommeil. Bref, rien d?exceptionnel. Pourtant, je me sentais rassurée ici, limite inatteignable par tous ces idiots qui étaient en train de saboter ma vie. Le docteur me pris avec une petite dizaine de minutes de retard, et me mit vite à l?aise en m?expliquant que à tout problème, on trouvait une solution, que je n?étais pas une damnée, et que j?avais frappé à la bonne porte pour réussir à bien dormir à nouveau. Je commençais mon histoire, des signaux de fumée au premier rêve, en passant par les visions, la langue, la répétition, et surtout, les choses inquiétantes que je trouvais au réveil, un peu partout dans ma chambre. Le docteur m?ayant demandé d?être précise, cela m?a pris une demi heure pour tout lui raconter. A la fin, il prit un grand bol d?air, et commença son analyse, qui était celle-ci :

«- Mademoiselle Bartok, je dois reconnaître que c?est la première fois que je me retrouve confronté à un cas comme le votre, mais je pense néanmoins avoir l?explication à cela. Pour commencer, je vais vous expliquer en quelques mots l?origine du rêve, et j?en viendrai à ce que vous vivez actuellement. Il se dit dans le milieu que le rêve est une cause sensorielle, il provoque des sensations qui n?existent plus, pas, ou pas encore. Cependant, nous ne pouvons pas être sûr que ce que nous rêvons n?est que le produit de notre imagination ou de notre inconscient, car comme vous le savez, il est très difficile de différencier la veille du sommeil, si l?on ne juge pas les faits sur leur rationalité, mais sur leur crédibilité vis-à-vis de ce que vous vivez chaque jour. C?est la raison pour laquelle ce rêve, qui parait si réel, peut ne pas être le fruit de votre imagination, mais une scène qui aura lieu, dans la mesure où vous y assistez et n?y avez jamais eu droit. Pourtant, le rêve a un caractère imaginaire et combine arbitrairement des choses qui vous sont générales et qui paraissent réelles. Ce que vous avez vu peut être la combinaison de votre volonté de partir dans un endroit que vous ne connaissez pas avec vos amis. Mais ce qui m?inquiète plus dans votre rêve, ce n?est pas le fait que vous ayez dessiné des choses sur votre mur, mais bien les choses que vous avez dessiné. Vous craignez le fait d?avoir vu cela à votre réveil, mais je peux vous affirmer que tout n?émane d?une vilaine crise de somnambulisme. Vous avez très bien pu renverser quelque chose de rouge et avoir marché dessus, et vous pouvez avoir très bien pu, dans la terreur de votre sommeil, écrire la marque que vous avez vue dans l?appartement. Tout le monde a été ou sera somnambule une fois dans sa vie, mais c?est surtout ce que vous avez écrit qui m?inquiète, ainsi que ce que vous avez vu et entendu dans votre rêve. Nous allons y aller petit à petit. Vous allez me raconter à nouveau votre rêve, et nous allons analyser ensembles ce que vous avez vu.

- Très bien, docteur, lui répondis je. Alors, ça commence avec les signaux de fumée que j?ai vus avant de m?endormir, où ils m?annoncent que je viens de prendre un aller simple pour l?enfer. Un peu comme un oiseau de mauvaise augure.

- Je vois, je vois. C?est un signe extérieur qui vous prévient qu?une zone de turbulence va secouer votre avenir. Ce qui est préoccupant, c?est que vous avez interprété quelque chose vu dans la réalité. La question est de savoir si votre « ça » a pu interpréter quelque chose de réel ou de fantaisiste. Malheureusement, je ne peux pas analyser ceci. Poursuivez.

- Ensuite, je traverse la ville de Bourg la reine, et peu à peu, je n?y trouve plus ce que je devrais y trouver. Puis je tombe assez longtemps pour me retrouver dans cet appartement que je n?ai jamais vu.

- Et c?est là que tout devient intéressant. Car je suppose que ce n?est point la première fois que vous chutez de haut dans un de vos rêves. Nous gardons donc ceci pour plus tard si le temps qui vous est imparti n?est pas totalement écoulé. Poursuivez ?

- Je me retrouve dans cet appartement que je n?ai jamais vu, dans un désordre impressionnant, avec du sang sur les murs, une marque bizarre sur un autre mur, le pull blanc ensanglanté de mon ami Stéphane. Bien sûr au fil du temps, une douleur de plus en plus intense m?envahit le corps entier. C?est quelque chose de vraiment abominable. Ensuite, je vois cette forme qui se dessine et ce fantôme qui me regarde sans bouger?

- Et c?est là que ça devient intéressant. Ces premières visions sont des symptômes d?une crise d?Aglahophobie.

- Une crise de quoi, docteur ?

- Une crise d?Aglahophobie. Je vous explique. Vous m?avez bien dit que vous habitiez Bourg la reine ?

- Exactement. Pourquoi ?

- Je vais vous raconter une histoire que j?ai étudiée au moment où j?étais en faculté de médecine. Elle concerne justement la légende de Bourg la reine, et commence aux alentours de 1187 après Jésus Christ. Cette année là, pour la première fois, une paroisse vint s?installer, dans la clairière de Pleigiz. Cette église existe toujours et se trouve dans le quartier des Blagis. A cette époque, un jeune homme fut formé ici. Il s?y fit enseigner la vie de Jésus et les dites vertus que celle-ci comporte. Malheureusement, l?année de ses dix sept ans, il aurait été touché par Satan, qui commença à l?envoûter progressivement, sans pour autant que celui-ci ne s?en rende compte. Pendant les dix sept années suivantes, Satan s?empara peu à peu de lui pour lui apparaître en rêve le jour de ses trente quatre ans. Cette nuit là, Satan lui expliqua comment passer dans le camp du mal. Cela consistait à suivre une formation de huit cent années dans l?au-delà pendant que sur terre, un être vêtu de noir, portant en lui douleur et souffrance, errant d?âme en âme, ne laissant derrière lui que terreur, et désolation, assurait un intérim avec l?au-delà. Après avoir tout assimilé, il commença à prêcher sa parole à partir de ses cinquante et un ans. Pourtant il lui manquait des choses à savoir, comme par exemple savoir si des sacrifices seraient nécessaires, connaître l?intérêt de l?existence d?un lien avec le monde réel. Jusqu?à l?année de ses soixante quatre ans, il tomba dans une douloureuse décadence ne faisant de lui qu?un être totalement déshumanisé. Il s?était tué à la tâche pour trouver celui qui lui permettrait d?accomplir la prophétie. Le jour de ses soixante quatre ans, il trouva, en sortant de sa paroisse, un berceau avec un bébé dedans. Il semblait abandonné. Y reconnaissant un signe venu d?en haut, saint Gilles se mit à pleurer longtemps, longtemps, très longtemps? Il décida de cacher l?existence du bébé, et l?éduqua loin de tout, pour que son âme ne soit orientée que dans le sens diabolique. Ce jeune garçon se nommait, selon le bracelet qu?il portait à son poignet, Alexander Glaho. Saint Gilles avait décidé :Alexander serait la personne qui agirait pour lui sur terre.

- Mais agir de quelle sorte ?

- J?y viens, mademoiselle Bartok, soyez patiente. Gilles forma Alexander jusqu?à ses quatorze ans, quand il en avait soixante dix huit. C?est en effet à cette date que les pratiques hérétiques de Gilles furent découvertes. De ce fait, le pauvre homme finit sa vie sur un bûcher. Alexander se retrouva seul pendant quelques temps, jusqu?à un soir d?hiver, où dans un rêve, son père spirituel apparût pour lui expliquer le rôle qu?il allait avoir dans les années à venir, et ainsi accomplir la prophétie. Pendant les huit cent ans de formation, il fallait, comme je vous l?ai dit tout à l?heure, qu?une personne sur terre accomplisse des sacrifices pour l?au-delà. Alexander devait, tous les cinquante ans, commettre un meurtre sordide en l?honneur de Gilles et de Satan. Bien sûr, le même meurtrier ne pourrait pas agir à chaque fois, et c?est pourquoi à chaque personne sacrifiée, l?âme de la personne tuée entrait dans le corps d?Alexander, et devenait le nouvel Aglaho.

- Aglaho ?

- C?est le nom du monstre, un diminutif de Alexander Glaho. Et donc, la personne tuée devenait le nouvel Aglaho pour les cinquante années à venir, c'est-à-dire jusqu?au crime suivant.

- ça veut dire que le monstre survit grâce à ses meurtres ?

- C?est ce que l?on dit, mademoiselle, mais c?est faux. Ce n?est qu?une légende.

- Continuez quand même, sil vous plaît.

- Très bien. Donc, tous les demi siècles, on retrouve l?enveloppe corporelle de la personne tuée cinquante ans avant, dans un état assez pitoyable. A ce moment là, une nouvelle personne est sous le voile.

- C?est bien joli, tout ça, docteur, mais je ne vois toujours pas le rapport entre moi et cette histoire.

- Jamais nous n?avons pu prouver ce que je vous raconte, il ne faut donc pas y croire. Il est donc inutile d?en dire plus. C?était juste pour que vous compreniez qui était qui.

- Donc, le fantôme, c?est Aglaho, le vieil homme, c?est Gilles, et mon ami Stéphane peut représenter un sacrifié ?

- Je ne pense pas, car vous dites que tout se passe hors de Bourg la reine, et Alexander ne peut agir que dans la ville.

- Et la langue que j?ai entendue ?

- Si les mots que vous avez entendus sont exacts, il y a de fortes chances pour ce soit de l?aglaméha. C?est la langue que parlait Alexander et Gilles. Je dois reconnaître cependant une chose que je n?explique point, c?est comment vous, et vous seule avez été amenée à rêver de la légende de saint Gilles, pourquoi vous voyez vos amis souffrir, et enfin le sens du message?

- Vous ne savez pas déchiffrer du tout l?Aglaméha ?

- Seules deux personnes le parlent, c?est Gilles et Alexander.

- Vous êtes vraiment certain que tout ça n?a jamais existé, docteur ?

- Aussi certain qu?un et un font deux, mademoiselle. Je vous le dis, jamais personne n?a trouvé de traces crédibles de l?existence d?Alexander autour de la clairière des Pleigiz.

- Et la trace sur le mur ?

- C?est de cette sorte que selon la rumeur populaire, Alexander signait ce qu?il faisait pour Gilles. Ainsi, sur l?épaule gauche de chaque victime, il y aurait cette trace. Mais bon, aucune corrélation n?a été établie entre tout cela. J?ai même entendu dire que cette légende avait été écrite en 1604 par Jean Baptiste Texte, un jeune séminariste des Pleigiz. Force est de constater que ce jeune homme avait une imagination débordante.

- Est-ce que c?est lui saint Jean Baptiste ?

- Je pense que oui, pourquoi ?

- Si j?allais à l?Eglise et essayais d?entrer en contact avec lui ?

- Vous êtes croyante, mademoiselle Bartok ?

- Je croirais en n?importe quoi pour me sortir de bourbier.

- Croyez en moi, et tout ira pour le mieux. Ce n?est qu?une crise de somnambulisme qui vous fait un peu peur, car elle est en rapport avec un cauchemar.

- Vous avez vous-même dit que le fait que j?aie rêvé de cette légende vous préoccupait.

- Je viens d?y réfléchir. Vous savez, on dit que l?inconscient que se manifester par les rêves, et peut faire surgir des souvenir qui datent de la plus tendre enfance. J?ai même lu que notre cerveau assimilait absolument tout ce que nous avons vécu. Et ce dont nous nous souvenons dans nos rêves, c'est-à-dire ce que l?inconscient remet volontairement dans notre pré-conscient, ne serait jamais dû au hasard.

- Vous êtes en train de me dire que si nous avons un vieux souvenir qui émerge de nulle part et qui paraît inutile n?est jamais dû au hasard ?

- Précisément. Vos grand parents ont très bien pu raconter cette légende durant votre enfance, sans que vous y preniez nécessairement garde au moment des faits. Ensuite, il faut se demander pourquoi votre inconscient a cru bon de vous le rappeler la nuit du premier cauchemar.

- Et comment le savoir ?

- Renseignez vous sur la légende, ou attendez, et vous verrez si les inquiétudes de votre inconscient étaient légitimes ou pas.

- Mais bon, une semaine à faire le même cauchemar, je pense que le message est clair. Il a les chocottes !

- Mais ne vous emportez pas, mademoiselle Bartok. Je vous rappelle que ce n?est qu?une légende. Bon, ce n?est pas que je m?ennuie avec vous, mais je suis un peu en retard.

- Très bien. Merci, docteur, je vous dois sûrement la vie.

- Peut être, mais vous me devez surtout mes honoraires. En tout cas, vous avez déjà beaucoup progressé en une séance, vous voulez revenir dans quinze jours ?

- Vous ne perdez pas le nord. Voici un chèque de soixante euros. Au revoir, docteur. Sinon, pour revenir, je ne pense pas que ce soit utile, et de plus, demain matin, je pars pour trois semaines avec mes amis. Mais pourquoi pas après ?

- C?est bien. Cela me permettra de voir si vous avez réussi à aller mieux. Passez de bonnes vacances.»

J?espèrais qu?à ce prix là je n?aurais plus de problèmes de sommeil. J?appelai Stéphane pour lui dire que je me sentais guérie. Il me demanda ce que j?avais, et je lui répondis d?un ton faisant croire que ma maladie coulait de source que je faisais une crise d?Aglahophobie. Evidement, il voulait en savoir plus sur cette maladie, mais je n?avais pas le temps de tout lui expliquer. Qu?importe, son père étant bibliothécaire depuis plusieurs années, en cherchant un peu, il trouverait bien un ouvrage dessus. Il me dit qu?il ferait cela, et qu?il éclairerait mes lanternes sur cette légende et sur ce que le docteur Havil ne m?avait pas expliqué. Nous devions nous retrouver aux alentours de dix heures pour achever les derniers préparatifs avant le départ, c'est-à-dire après le dîner, au parc où nous avions coutume de nous retrouver. J?arrivais chez moi à vingt heures lorsque j?arrivai chez moi, ce qui me laissait le temps pour me laver un peu, me faire à manger, préparer ma valise, et enfin retrouver les autres. Je me croyais sortie d?affaire, mais comme vous pouvez vous en douter, bien mal m?en prit.

Connexion