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Re: 6 mois 6 jours 6 heures

Sujet : Re: 6 mois 6 jours 6 heures
par Flood sur 11/2/2005 11:53:15

Coucou, je vous mets le quatrième chapitre, qui s'intitule


"Peur de rien blues"

Il était aux alentours de neuf heures du matin quand un médecin vint me réveiller. Il n?était pas mal, d?ailleurs, le bougre? J?étais toujours dans la salle d?attente de l?hôpital, en attendant que les deux autres se réveillent. Cependant, quelque chose était différent. Le rêve, je l?avais encore fait, mais il avait changé dedans. La fin différait par rapport à d?habitude. En effet, je me revois encore, avant de mourir, sortir du lit, ensanglantée, me diriger vers le salon, y éprouvant même toutes les difficultés du monde à y parvenir. Une fois dans le salon, je voyais ce garçon, parlant en aglaméha, avec une bougie dans chaque main, essayer d?exorciser l?appartement, mais? il paraissait concentré, très concentré, à se battre contre Gilles et son sbire. J?allais lui demander qui il était, et ce qu?il faisait là, mais il me devança et me demanda pourquoi je n?étais pas cachée, comme il me l?avait ordonné, dans la salle de bain... Il avait l?air de pas mal me connaître, et de bien m?apprécier, car je me souviens l?entendre me dire qu?il ne voulait vraiment pas qu?il m?arrive malheur, puis il m?a embrassée? Cela voulait dire que ce mec était mon copain? Or, à ce moment là, la seule chose que j?emballais c?était des sandwichs, et la seule personne avec qui j?étais mariée, c?était le vent. Et pourquoi il m?avait dit de me réfugier dans la salle de bain alors que la porte qui semblait être celle de la salle de bain était vérouillée ? J?en parlais à Sébastien, qui dormait sur une banquette à côté de moi. Il fut surpris, mais me dit que ce rêve n?en était pas à sa première extravagance, et d?un air blasé, me dit de laisser mon subconscient s?amuser. Je le trouvais bien cynique d?un seul coup. C?était peut être le recul pris un peu grâce au repos dans cette salle, qui ressemblait plus à la cour des miracles qu?à une salle d?attente d?hôpital. Ceci dit, il n?avait pas complètement tort. Ce garçon était pas mal d?ailleurs? Je me demandais l?impression que j?avais pu lui faire? Quoi que, cela n?avait pas l?air de l?intéresser, vu qu?il avait l?air de me connaître déjà. Mais comment ? J?étais en pleine réflexion avec moi-même pour savoir si j?avais déjà vu ce garçon, quand un médecin nous appela. Sébastien réveilla Manon, et nous allâmes rendre visite aux deux blessés, qui venaient de se réveiller. Stéphane avait quelques hématomes et Hélène avait eu quelques hallucinations, selon le docteur Moreau. D?ailleurs, Stéphane ressemblait à un des animaux de l?île du docteur Moreau, quel hasard ! J?avais presque réussi à me faire rire avec ça. Le médecin nous laissa entre nous, il avait bien compris que nous avions beaucoup de choses à nous dire. On leur demanda d?abord les diagnostics, puis de nous raconter tout ce qui était arrivé depuis que nous nous étions perdus durant la poursuite dans la cave avec Alexander. Selon Hélène, les médecins, avec le ton scientiste qui les caractérise bien, avaient diagnostiqué une grosse fatigue, de la paranoïa, du stress, tout cela décuplé à cause de l?alcool. Un peu léger, le bilan, puisque nous n?avions pas bu, et aucun n?était, sauf peut être moi, et depuis peu, sujet à ce genre de symptômes, et je n?étais la seule à avoir vu cet espèce d?autel carbonisé, ces traces de sang sur le mur, le signe, à avoir senti cette odeur macabre qui prend aux tripes jusqu?à vous faire vomir de par le dégoût qu?elle provoque en toute personne sensée. Hélène nous raconta son histoire la première. La voici :

« Pendant que nous courions dans le couloir de la cave, à un moment, je me suis retournée pour voir si le truc était toujours derrière nous, et en regardant derrière, je me suis prise un mur dans un virage, et suis tombée? quand je me suis relevée, vous n?étiez plus là, et craignant le fantôme, j?ai quitté le chemin sinueux de la cave, pour me retrouver dans une pièce, qui devait être un local à poubelle. Je me souviens qu?elle était bien obscure. Lorsque j?étais au centre de la pièce, la lumière s?est allumée, et c?était trop angoissant. Y?avait un autel face à un mur, sur lequel se trouvaient seize petites pierres avec des noms dessus, et une dix septième vierge, un peu à l?écart. Je m?approchais de l?autel quand le signe que tu as vu s?est comme qui dirait dessiné sur le mur, et le fantôme en est sorti. Je ne vous cache pas que rarement j?avais été si effrayée de ma vie? Puis la lumière s?est éteinte. Ensuite, en me retournant, j?ai vu que l?autel était en train de brûler. Ne me demandez pas comment, mais il s?était mis à brûler, comme si il avait été victime d?une sorte de combustion spontanée, ce qui, vous en conviendrez, paraît risible, pour un morceau de bois. Ensuite, il s?est approché de moi sans que je puisse bouger, tétanisée par une peur bleue qui me glaçait le sang, il a posé son doigt sur mon front, j?ai entendu une voix âgée m?invitant à la rejoindre. Elle me disait que je serais l?ultime personne qui permettrait son retour sur terre, puis plus rien, comme si elle avait été coupée dans son discours. je me souviens d?être tombée à ce moment là, et je ne sais pas ce qui s?est passé. »

Stéphane l?interrompit à moitié pour apporter sa version, que je vous retranscris également :

« Je crois que c?est à peu près à ce moment que je suis arrivé dans la salle. En fait, Hélène est tombée juste devant moi, après avoir avancé j?ai décidé de l?attendre, et elle a du entrer dans la pièce avant d?arriver à moi, pendant que vous avanciez, puis la lumière s?est éteinte, laissant place à une lueur, sûrement provoquée par l?embrasement de l?autel. Je suis entré dans la pièce où se passait l?action, j?ai vu Hélène par terre en train de se faire faire des trucs bizarres par Aglaho, j?ai hurlé son nom pour éloigner le monstre, puis nous nous sommes battus pendant quelques minutes. A un moment, j?ai réussi à prendre l?avantage, et ai profité pour l?assommer d?un coup de torche trouvée dans un coin de la pièce, et ensuite, je me suis évanoui. Alors que j?étais dans les pommes, je me souviens d?avoir aperçu la tête d?un vieil homme qui me regardait, l?air assez énervé, et il m?a dit un truc du genre Poro mani empecaran profétiem acabere, et il a ponctué sa phrase en hurlant Vengara. Ensuite, je me suis levé, au moment où vous étiez là. Je me souviens avoir vu Sébastien m?aider à me lever, mais trop faible, j?ai vomi tout ce que j?avais avant de m?évanouir à nouveau, puis nous nous sommes réveillés il y a dix minutes de tout cela. Le médecin nous a dit que nous avions trop bu, puis vous êtes arrivés avant que nous puissions lui dire que ce n?était pas le cas. »

Il s?en était passé, des choses, cette nuit là. Hélène et Stéphane pouvaient quitter l?hôpital dans la journée, ce qui les enchantait, dans la mesure où nous pouvions maintenir le départ. Notre train partait pour vingt deux heures de la gare de Lyon, mais je n?avais toujours pas envie de partir. Le problème était que nulle part, je me sentais à l?aise. Aglaho avait beau avoir été vaincu une fois, je ne le voyais pas mort pour autant. D?ailleurs, comment tuer un esprit ? pas avec un coup de torche, en tout cas, malheureusement. Stéphane m?expliqua qu?il avait regardé, dans un des livres de la bibliothèque de son père, quelques informations sur la dite légende, qui n?avait plus rien de légendaire. Il m?expliqua que Aglaho ne pouvait agir que la nuit de sa résurrection, et ne pouvait le faire hors de Bourg la reine. Je ne savais pas si il disait vrai, mais cela réussissait à me rassurer, si bien que je fus à nouveau un petit peu motivée pour partir, loin de cette ville, de cette légende, et de cette prophétie, et pour retrouver un ersatz de paix. IL termina par me dire que la prophétie ne pouvait pas être accomplie dans la mesure où le corps de la victime de 1954 n?avait pas été retrouvé. Pourtant, un problème subsistait, c?était celui des rêves? ils me suivaient, encore et encore, ainsi que la nouvelle fin de celui-ci, avec le garçon. Je décidai de leur en parler lorsque nous serions arrivés à Villard. Stéphane expliqua que cette nuit aurait dû marquer l?ultime sacrifice pour arriver au bout de la prophétie, vieille de huit cents ans, et que selon lui, c?était la première fois qu?un sacrifice n?était pas accompli. Peut être que le nom d?Hélène aurait dû se retrouver sur la pierre, mais que le sacrifice avait été empêché par l?arrivée de Stéphane, ce qui pouvait expliquer le fait que Gilles ait été coupé en plein milieu de son discours dans la pensée d?Hélène. La nuit étant passée, tout devait être fini. Manon suggéra que, dans la mesure où le jour n?était pas totalement levé au moment où je m?étais endormie, et que, de ce fait, les rêves pourraient très bien être finis. Voila qui était bien positiviste. J?attendais mon prochain dodo pour lui répondre, en attendant, j?invitai chacun à retourner chez lui pour finir ses affaires, dire au revoir aux parents, et aller à l?agence de location qui se trouvait à l?angle de l?avenue du président Roosevelt pour retirer les clefs de l?appartement, ainsi que des brochures et informations complémentaires sur celui-ci. Nous devions nous retrouver pou dix sept heures à l?agence, avant de filer à la gare de Bourg la reine, direction gare de Lyon. Quand nous sortîmes de l?hôpital, il était aux alentours de onze heures, ce qui me laissait quelques heures pour tout terminer, et aller chercher ma valise chez Sébastien. Hélène et Stéphane devaient attendre que leurs parents viennent les chercher pour signer quelques paperasses. Quand j?arrivai chez moi, je trouvai sur ma table une édition spéciale de la gazette réginaburgienne, portant sur la nuit passée. L?article avait pour grand titre « Le retour de la légende ? ». J?y lus ceci :

« Cette nuit restera dans nos mémoires. Elle fut le lien manquant pour rapprocher légende et réalité. Bourg la reine fut le théâtre sanglant de l?accomplissement d?une légende vieille de huit cents ans. En effet, il est revenu. Alexander Glaho, sous fifre de saint Gilles, craint par la gente gérontocrate, moqué par la jeunesse est apparu cette nuit. Il est venu pour chercher l?élément manquant qui accomplirait cette dite prophétie. A l?heure où nous écrivions cet article, nous ignorions si elle a été achevée. Tout laisse à penser le contraire dans la mesure où selon les écrits de saint Jean-Baptiste, auteur des thèses autour de cette légende, le monde sombrerait dans la désolation la dernière nuit passée. Les rumeurs sceptiques vont déjà bon train, accusant une personne d?avoir tué des gens en s?abritant derrière cette histoire et ainsi, ce pourrait être cet homme ou cette femme, que plusieurs témoins déclarent avoir vue. Le seul fait pouvant empêcher de croire à cette rumeur, et ainsi rejoindre le point de vue des personnes croyant à l?existence de ce monstre démoniaque, c?est ce que nous avons trouvé ce matin dans la cave d?un immeuble banal de l?allée de Trévise, ainsi que les témoignages de deux jeunes personnes, se trouvant ce matin à l?hôpital Velpeau. Elles disent avoir été poursuivies par Aglaho jusqu?à cette cave. La jeune fille, Hélène Dampierre, dit avoir agressée par le monstre avant que son ami, Stéphane Berthier, ne la sauve. Ce témoignage, bien qu?assez extraordinaire, peut expliquer plusieurs choses, à condition que l?on croie à cette légende. Il nous permet de trouver une explication quant au fait que nous soyons encore là malgré la nuit passée. En effet, l?ultime personne sacrifiée devait être la jeune fille, et pourtant elle est encore vivante. Que s?est il passé ? Saint Gille voudra t?il se venger et accomplir la prophétie quel qu?en soit le prix ? Suivra t?il cette jeune fille pour lui tracer une destinée qui plongerait la terre dans le néant ? Voudra t?il se venger de celui qui fit capoter par son intervention le sacrifice entamé par Aglaho ? mais si oui, la jeune fille est elle encore humaine ? Tant de questions inquiétantes auxquelles personne ne peut répondre, attendant une issue, la plus heureuse possible, bien entendu? »

Et bah voila, tout le négativisme dont j?avais besoin pour ne plus être motivée pour partir? Et si il voulait nous poursuivre jusqu?hors de la ville pour se venger du fait que son chef n?ait pas pu revenir sur terre ? Si c?était le cas, comment pourrions nous lui résister ? Je n?avais plus du tout envie de partir. Sébastien arriva chez moi avec ma valise et la sienne. Je lui expliquai mes peurs, puis lui dis que je ne voulais pas partir, malgré les tentatives de Stéphane pour me rassurer. Et pour cause, au fur et à mesure que l?heure du départ approchait, je sentais en moi comme une angoisse monter, me nouant l?estomac et la gorge, me donnant des difficultés à respirer, à dire ce que j?éprouvais? et j?entendais une petite voix qui me disait que je ne devais pas partir, comme un appel au secours d?une partie de moi qui savait tout ce qui allait arriver, et qui voulait me sauver, en empêchant le pire de s?accomplir pour moi. J?avais une angoisse de mort autour de moi, j?avais peur de les perdre en allant là bas. Je savais que cela ne se passerait pas bien, qu?il reviendrait pour se venger, et accomplir la prophétie. A vrai dire, je ne le savais pas, je le sentais, et c?est bien la différence, cette différence qui empêcha les autres d?accorder à ma peur une légitimité. Ils concevaient que j?aie peur du passé, mais pas du futur. Manon disait qu?avec ce qui nous était arrivé la nuit d?avant, nous avions déjà tout vu, et que si nous avions pu gagner une fois, nous le pourrions une deuxième, une troisième, voire une quatrième fois. Elle n?avait peut être pas tort? Mais ce qui m?inquiétait vraiment trop, c?était les questions laissées en suspens par l?article. Rien ne pouvait empêcher Gilles de vouloir accomplir sa formation. Peut être qu?il avait déjà envoûté Hélène, et qu?il lui suffisait juste de la retrouver pour achever le sacrifice, et ainsi inscrire un nom sur la dernière pierre que l?on avait vue dans la cave, ce qui achèverait la prophétie? Stéphane arriva ensuite chez moi pour que l?on aille ensembles à l?agence. Il n?y avait plus qu?Hélène à attendre, mais on était habitués au fait que la fée de la ponctualité ne se soit pas pointée à son berceau, comme disait Sébastien. Je demandai à Stéphane si il allait mieux, ce à quoi il répondit par la positive, pour ensuite me poser la même question. J?en profitai pour lui faire part de mon angoisse m?empêchant d?être heureuse de partir. Il me prit à part et m?expliqua que le pire était passé, que nous n?avions plus à nous en faire, surtout à six cents bornes des lieux du crime. Selon lui, la légende était formelle. Je lui demandai alors ce qu?elle racontait au sujet d?un sacrifice non accompli totalement, et de ce qui devait arriver après l?ultime sacrifice. Il me répondit par un haussement d?épaule montrant l?incapacité qu?il avait à remédier à mes frayeurs. Qu?est ce que je pouvais détester quand il faisait ça?je m?inclinai finalement, et les suivis un peu à reculons lors de l?arrivée d?Hélène, qui nous envoya à l?agence, puis à la gare, puis à l?appartement de Villard, mais tout ça, à mes yeux, avait des allures d?allers simples pour la mort? Aglaho avait beau avoir été vaincu, la nuit passée, les frontières de la ville dépassées, j?étais persuadée que Gilles n?allait pas s?arrêter là pour parfaire sa formation, qu?il ferait tout pour se venger de nous, et que ce ne sont pas des livres sur sa légende qui l?empêcheraient de nous suivre partout où il en avait envie. Après être passés enfin à l?agence chercher les clés de l?appartement, nous nous dirigeâmes vers la gare de Bourg la reine. Mon c?ur battait de plus en plus vite, et j?avais quelques bouffées de chaleur. Je voyais du noir partout, je me sentais oppressée dans mon intérieur, retrouvant la douleur du rêve et celle de la nuit d?avant? Ce n?était pas que je ne voulais pas partir, mais je sentais bien qu?il ne le fallait pas. Malgré tout, étant la seule à penser cela, je me tus devant la majorité, et décidai de les suivre, pour peut être faire taire les fantasmes religieux du journaliste de la gazette et pour faire taire ces petites voix qui me disaient de reculer? D?un côté, je voulais aller de l?avant pour savoir comment tout cela se finirait, et pour trouver réponses aux questions restées sans réponses, mais ma peur me mettait des bâtons dans les roues. Nous arrivâmes à la gare pile dans le bon créneau horaire, mais une fois sur place, une série d?évènements nous tomba dessus comme si il fallait que nous rations notre train. Sébastien se fit caramboler par un chariot à bagages, la poignée de la valise de Manon se désolidarisa du reste, la poche d?Hélène, qui contenait les billets, se déchira, mais Stéphane les retrouva, avant qu?il ne soit trop tard, et surtout avant qu?il se prenne les pieds dans ma valise? Si quelqu?un voulait nous empêcher d?aller en vacances, il avait bien géré son coup? En plus, la gare était inhabituellement bourrée de monde, les vendeurs de journaux avaient du se faire piquer par des mouches tsé-tsé, vu la vitesse de croisière avec laquelle ils accomplissaient leur travail. Je me souviens m?être retenue pour ne pas demander au vendeur si Gilles lui avait ordonné de ne pas nous faire partir, mais j?aurais vraiment eu l?air d?une conne? De plus, ce n?était pas trop le moment de faire dans la paranoïa, c?était surtout l?heure de se dépêcher, pour enfin quitter cet enfer réginaburgien. Il était vingt deux heures et des poussières quand le train quitta la gare de Lyon, et par je ne sais quel miracle, avec nous à l?intérieur. Il allait vite et silencieusement, avec simplement un petit bruit de climatisation qui venait à mes oreilles comme une berceuse. Je somnolais à moitié, mais ne voulais pas m?endormir, de peur de voir apparaître de nouvelles choses dans mon rêve.

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